Un virus mortel a touché la Terre : le virus de la solitude. Certains pays sont mis sous quarantaine et les malades sont internés dans des instituts. La mort est provoquée par le gel des organes internes. La légende dit que les corps sont ensuite emmenés par un esprit dans les montagnes enneigées. En dépit des efforts humains, l’épidémie se répand.

Les patients mis en scène par le Blitztheatregroup sont comme les descendants de ceux du Sanatorium de Berghof, où Thomas Mann situait l’histoire de son roman La Montagne magique , inspiration pour la pièce. Ces malades, nourris de médicaments, s’adonnent à des exercices quotidiens sensés les sortir de leur torpeur pour progressivement leur faire reprendre contact avec leurs semblables. Ils sont contraints de se glisser dans la peau de personnages pour jouer des scènes d’amour ou d’amitié tirées des chapitres du livre de Thomas Mann.

The Institute of Global Loneliness joue de la frontière entre réalité et fiction. Les acteurs du Blitztheatregroup incarnent des patients qui à leur tour incarnent des acteurs. Incapables de puiser les mots et les intuitions relationnelles dans leurs organes gelés, les malades n’ont d’autre recours que celui de la littérature. Mais leurs efforts semblent bien vain au XXIe  siècle, celui du règne de la solitude.

“L’homme ne vit pas seulement sa vie personnelle comme individu, mais consciemment ou inconsciemment il participe aussi à celle de son époque et de ses contemporains.

...Mais lorsque l’impersonnel autour de lui, l’époque elle-même, en dépit de son agitation, manque de buts et d’espérances, lorsqu’elle se révèle en secret désespérée, désorientée et sans issue, lorsqu’à la question, posée consciemment ou inconsciemment, mais finalement posée en quelque manière, sur le sens suprême, plus que personnel et inconditionné, de tout effort et de toute activité, elle oppose le silence du vide (...) sans que l’époque puisse donner une réponse satisfaisante à la question «à quoi bon?», il faut une solitude et une pureté morales qui sont rares et d’une nature héroïque”

Thomas Mann - La Montagne Magique